Kerfank : La ville de boue

Kerfank : La ville de boue

La chanson relate un épisode tragique et méconnu de la guerre de 1870. Une armée baptisée Armée de Bretagne avait été levée sous la direction d’Émile de Kératry. Mais l’état-major parisien la laissa pourrir de longs mois durant dans la boue du camp de Conlie, dans la Sarthe, que les soldats surnomment Kerfank, la ville de boue1. La chanson évoque ainsi les cris des soldats bretons mourant de froid et de malnutrition, implorant le général de Marivault de les renvoyer à la maison : « Jeneral, ma jeneral d’ar gêr, d’ar gêr ma général, n’eo ket d’ar brezel ! » (Général. mon général. à la maison mon général, pas à la guerre). Marivault loua leur ardeur à vouloir partir à la guerre, ignorant qu’en breton, “d’ar gêr” ne veut pas dire “à la guerre”, mais “à la maison”

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 Ce camp pouvait accueillir environ 50 000 hommes. On y rassemble une armée de 25 000 hommes dès le10 novembre. Au total près de 60 000 hommes y séjourneront. Il est prévu de les armer avec les surplus de la guerre de Sécession  américaine (1861-1865), mais ces armes promises par Gambetta n’arriveront jamais1.

 « Est-ce bien un camp ? C’est plutôt un vaste marécage, une plaine liquéfiée, un lac de boue. Tout ce qu’on a pu dire sur ce camp trop célèbre est au-dessous de la vérité. On y enfonce jusqu’aux genoux dans une pâte molle et humide. Les malheureux mobilisés sont pourvus de sabots et pataugent dans la boue où ils pourraient certainement faire des parties de canots. Ils sont là 40 000 nous dit-on et, tous les jours, on enlève 500 ou 600 malades. Quand il pleut trop fort, on retrouve l’eau dans les bas-fonds des baraquements submergés. Il y a eu ces jours derniers quelques soldats engloutis, noyés dans leur lit pendant un orage2. » (extrait « En ballon ! : pendant le siège de Paris, souvenirs d’un aéronaute – Gaston Tissandier)

Un monument est inauguré le 11 mai 1913 sur la colline de la Jaunelière et une plaque commémorative est apposée le 14 février 1971, lors du centenaire où est inscrit « 1871 D’ar Vretoned trubardet e Kerfank-Conlie, Dalc’homp soñj – 1971 » (Aux Bretons trahis au village de boue de Conlie. Souvenons-nous)..

La Participation au combat de la fourche

Le 23 novembre 1870, a lieu le combat de La Fourche, commune de Coulonges-les-Sablons.

Gambetta décide l’envoi de 12 000 des hommes du camp de Conlie, armés de seulement 4 000 carabines en mauvais état et de munitions d’un calibre inadéquat contre le Iercorps bavarois du duc de Mecklembourg. Le général de Kératry envoie les mieux équipés et les moins fatigués de ses hommes, formant la division de marche de Bretagne (4e division du 21corps), commandée par le général Gougeard. La division arrive à Yvré-l’Évêque le 26 novembre, lance une reconnaissance jusqu’à  Bouloire. Le combat n’a pas lieu, les Prussiens s’étant esquivés.

La veille de la bataille du Mans (10 et 11 janvier 1871),Gambetta, les considérant comme étant des Chouans potentiels fournit aux 19 000 hommes restant des fusils Springfield rouillés et des cartouches avariées. Dans certains cas, certaines de ces armes explosaient au moment du tir. Le général Chanzy rejette la responsabilité de la défaite aux hommes de Conlie. En effet, c’est sur leur position de la Tuilerie que les Prussiens font porter leur effort décisif, qui décide de la victoire. Les soldats, épuisés par deux mois de privations, mal armés, presque pas préparés, sont taillés en pièces dans la nuit du 11 au 12 par la 20e division prussienne du général von Krautz-Koschlau.

                                                                                                           D’après un article Wilkipédia 2-11-2014