Glenmor : barzh, kaner, oberour ha stourmer ! – Glenmor : poète, chanteur, compositeur et militant ! (bilingue)
Quiconque a eu la chance de voir et d’écouter Glenmor sur scène, ne serait-ce qu’une seule fois dans sa vie, ne peut oublier le chanteur magnifique qu’il était ….
Ar chañs ’m eus bet da welet anezhañ div wech e Pariz, e deroù ar bloavezhioù 1970. Ha bewech on bet fromet gant an den : daoulagad glas sklaer dezhañ o parañ war ar selaouerien, blev hir louet o tiskenn betek e zivskoazh. Fromus e oa an den e gwirionezh ha pa save e vouezh, ur vouezh ken tomm ha ken kreñv, e veze trelatet an holl er sal. Rak Glenmor a oa ur c’haner dispar, ur gwir barzh, evel ma vefe deuet deus an amzer gozh, ur seurt « meziaz »: Breizh a oa danvez e ganaouennoù ! Eñ eo bet ar c’haner kentañ, goude an eil brezel- bed, o tiskouez an hent da gement a ganerien all evel Alan Stivell, Youenn Gwernig pe Jil Servat… Ar yaouankiz E anv e brezhoneg a oa Milig ar Skañv (Emile Le Scanv, e anv ti-kêr). Kemeret en doa an anv-pluenn Glenmor. « Glenn » a zo ur ger kozh a zalv kement hag ar ger « douar ». Setu e vez komprenet « Glenmor » evel« An douar hag ar mor ». Ganet e oa Glenmor e Mêl-Karaez e 1931. Desavet e oa bet e brezhoneg gant e dud hag e dud kozh, kouerien holl anezhe. Pa oa bugel, en doa komprenet abred a-walc’h e oa e yezh-vamm, ur yezh en arvar. Ret e oa he difenn, seul vui ma oa taget bemdeiz er skol ha ken dispriziet gant Bro-C’hall. Setu eñ, pa oa bugel c’hoazh, o stagañ e-unan da zeskiñ lenn yezh e gavell ha da zeskiñ skrivañ anezhi ivez. Diwezatoc’h ez eas da studiañ e kloerdi bihan Kintin e 1941, e lec’h e studias al latin hag ar gresianeg, betek pakañ an div vachelouriezh d’an oad a 17 vloaz. Enepkloer e teuas da vezañ koulskoude, en desped d’an deskadurezh en doa resevet eno . Mont a reas goude-se d’ober e amzer-soudard e Pariz e 1952 hag ur wech distroet e Breizh, setu eñ o tapout an aotreegezh war ar filozofiezh er skol-veur Roazhon. | J’ai eu la chance de le voir deux fois à Paris, au début des années 1970. Et chaque fois, j’ai été impressionné par l’homme : des yeux bleu-clair qui fixent son auditoire, de longs cheveux gris tombant jusqu’aux épaules. L’homme était impressionnant en effet et quand sa voix s’élevait, si chaude et si puissante, une immense émotion s’emparait de toute la salle. Car Glenmor était un chanteur extraordinaire, un vrai barde, comme venu des temps anciens, une sorte de « messie » : la Bretagne était la matière de ses chansons ! Il a vraiment été le premier chanteur, après la seconde guerre mondiale, à avoir montrer le chemin à tant d’autres chanteurs comme Alan Stivell, Youenn Gwernig ou Gilles Servat… La jeunesse Son nom en breton était « Milig ar Skañv » (« Emile Le Scanv » à l’état-civil). Il avait pris Glenmor comme pseudonyme. « Glenn » est un mot ancien qui équivaut au mot « douar / terre ». On doit donc comprendre Glenmor comme « Terre et mer ». Glenmor naquit à Maël-Carhaix (1) en 1931. Il fut élevé en breton par ses parents et grands-parents, tous paysans de leur état. Enfant, il comprit assez tôt que sa langue maternelle était une langue en danger. Il s’agissait de la défendre, dans la mesure où elle était chaque jour attaquée à l’école et totalement méprisée par la France. Le voilà donc, alors qu’il était encore enfant, qui se met, tout seul, à apprendre à lire la langue qui l’avait bercé petit et à apprendre également à l’écrire. Il alla plus tard faire ses études au petit séminaire de Quintin (2) en 1941, où il étudia le latin et le grec, jusqu’à obtenir les deux baccalauréats à l’âge de 17 ans. Il devient pourtant par la suite anticlérical, malgré l’éducation qu’il avait reçue là-bas. Puis c’est le service militaire qu’il fit à Paris en 1952 et une fois de retour en Bretagne, le voilà qui décroche une licence de philosophie à l’université de Rennes. |
War al leurenn Dedennet eo bet atav gant ar sonerezh ha kavet e vezer anezhañ o seniñ ar pib-veur e-pad ur pennadig…. nompas e Kevrenn Ar Roc’hell, met e Kevrenn Rostren! Un tamm taol-arnod a reas diwezhatoc’h gant ar c’hoariva… hep ober gwall berzh … E hent ne oa ket ’barzh ar c’hoariva. Ar skritur, ar varzhoniezh, aozañ kanaouennoù hag kanañ anezhe, setu aze e oa e galvedigezh ! E ganaouennoù a zo leun a gemmenadoù ha kaer meurbed eo e zoare da skrivañ. Kan a ra gant kanmeuladur, deus Breizh evel-just, ur vro a zo evitañ ur vro aloubet gant Bro-C’hall. Kan a ra ivez deus kaerder an natur ha diwar-benn ar re a zo e enebourien a james : ar re o deus ar c’halloud evit gwaskañ ar bobl pe evit aozañ ar brezel, an noblañsoù, ar vourc’hizien, an Iliz hag … ar veleien ! E 1959, emañ eñ o kanañ e Pariz gant Denise Mégevand o seniñ gant an delenn ha diwezhatoc’h gant ur paotr yaouank-tre d’ar poent-se : Alan Stivell, hemañ gant an delenn geltiek. Tamm ha tamm e vez anavezet e Pariz hag e Breizh zoken. E 1961, setu eñ e Brussel hag e kej eno gant … Jacques Brel. Marteze e tenn e zoare da ganañ un tammig diouzh hini Brel ?… Un dra a zo sur : chomet int bet mignoned e-pad pell goude-se hag e Bro-Belgia a ra Glenmor anaoudegezh gant ur plac’h a vo e wreg diwezhatoc’h, homañ o kemer an anv-bihan Katell. Tost eo ivez ouzh Léo Ferré. Ar memes menozioù bolitikel a zo gante o daou. Anaoudegezh a ra ivez gant Xavier Grall, anavezet mat evit bezañ skrivet « Le cheval couché » o respont lemm d’al levr skrivet gant Pêr-Jakez Helias : « Le cheval d’orgueil ». Meur a bladennoù a zo bet savet gant Glenmor ha meur al levrioù a zo bet skrivet gantañ ivez. Kan a ra al lod brasañ eus e ganaouennoù e galleg. It da furchal war Internet evit dizolein anezhañ ! Evidon-me, n’em eus siwazh nemet teir bladenn deus Glenmor, pladennoù vinyle prenet ganin hanter-kant vloaz ’zo dija ! : « Vivre », « Hommage à Morvan Lebesque » ha « Princes, écoutez bien… ». Pa adselouan anezhe e meizan pegent divent e oa e garantez-bro. e garantez évit ar frankiz ha pegent stourmer bras eo bet evit difenn an identelezh breizhek. Aet eo d’an Anaon e 1996 e Kemperle. Bezañ ’vo 4 000 den war lec’h e obidoù. War e vez, er vered Mêl-Karaez, eo skrivet an dra-mañ tennet diouzh unan eus e ganaouennoù : « Et voici bien ma terre, la vallée de mes amours” | Sur scène Il fut toujours attiré par la musique et voici qu’on le trouve, pendant quelque temps, en train de jouer de la cornemuse… non pas à la Kevrenn de La Rochelle, mais à la Kevrenn de Rostrenen ! Il fit plus tard un petit essai au théâtre… sans grand succès… Le théâtre n’était pas sa voie. L’écriture, la poésie, composer des chansons et les chanter, c’était là sa vocation ! Ses chansons sont emplies de messages et les textes sont merveilleusement écrits. Il chante avec emphase : la Bretagne bien sûr, un pays qu’il considère comme étant occupé par la France. Il chante aussi la beauté de la nature et s’attaque à ceux qui sont à jamais ses ennemis : ceux qui ont le pouvoir d’opprimer le peuple ou de fomenter les guerres, les nobles, les bourgeois, l’Eglise…et les curés ! En 1959, le voilà qui chante à Paris avec Denise Mégevand (3) qui l’accompagne à la harpe, puis plus tard avec un tout jeune homme à l’époque : un certain Alan Stivell avec sa harpe celtique. Petit à petit, il se fait connaître à Paris ainsi qu’en Bretagne. Il part pour Bruxelles en 1961 et y rencontre… Jacques Brel. Peut-être que sa façon de chanter tient-elle un peu de celle de Brel ?… Toujours est-il qu’ils se lièrent tous deux d’une longue amitié et c’est en Belgique que Glenmor fait la connaissance de celle qui sera plus tard sa femme et qui prendra le prénom de Katell. Il est également proche de Léo Ferré. Ils ont tous. les deux des idées politiques semblables. Il fait également connaissance avec Xavier Grall (4), écrivain bien connu pour avoir écrit « Le cheval couché », en réponse cinglante au livre « Le cheval d’orgueil » de Pierre-Jakez Hélias. Beaucoup d’albums ont été produits par Glenmor ainsi que beaucoup de livres. La plupart de ses chansons sont en français. Allez fouiller sur Internet afin de le découvrir ! Pour ma part, je ne possède que trois disques de Glenmor, des disques vinyles achetés il y cinquante ans déjà ! : « Vivre », « Hommage à Morvan Lebesque » et « Princes, entendez bien… ». Quand je les réécoute, je mesure combien était immense son amour du pays. son amour de la liberté et le grand militant qu’il a été dans la défense de l’identité de la Bretagne. Il est décédé en 1996 à Quimperlé. 4 000 personnes assisteront à ses obsèques (5). Sur sa tombe, dans le cimetière de Maël-Carhaix, figure l’inscription suivante tirée d’une de ses chansons : « Et voici bien ma terre, la vallée de mes amours ». |
YK / HG 15 a viz Meurzh ( le 15 mars 2023 )
Sources :
souvenirs personnels
archives sonores et visuelles sur internet,
Annexes :
- ( 1 ) Maël-Carhaix : Située à l’extrême sud-ouest des Côtes d’Armor, à la limite du Finistère et du Morbihan, en plein pays Fisel (Il n’y a qu’en Bretagne qu’on identifie un pays par une danse !), cette commune a longtemps été le principal centre de production de dalles de schiste et d’ardoises de Bretagne. L’ardoise bleue de Maël-Carhaix a ainsi été retenue par exemple pour les toitures de l’Assemblée nationale, de la Sorbonne, du château de Vincennes, de l’abbaye de Paimpont ou encore, et ce fut la dernière commande, pour le Parlement de Bretagne après son incendie en 1994.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maël-Carhaix
- ( 2 ) Quintin : Autre lieu autre production. Situé à vol d’oiseau à une quinzaine de kilomètre de Saint-Brieuc, le petit bourg de Quintin s’est développé au XVII et XVIII siècle grâce au tissage et au commerce des toiles de lin. C’est en 1931 que l’Eglise décida d’y créer un établissement destiné à former des prêtres.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Quintin
- ( 3 ) Denise Mégevand (1917-2004): élève de Lily Laskine, cette harpiste savoyarde de naissance et de formation classique rencontre à Paris Georges Cochevelou et son fils qui deviendra Alan Stivell et dont elle est le professeur de harpe. Elle ne cessera alors d’oeuvrer pour la renaissance de la petite harpe celtique. Elle fera entrer cet instrument dans les structures d’enseignement officielles, composera pour lui et dirigera à Paris l’ensemble des harpes « Telenn Bleimor »
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Denise_Mégevand
- ( 4 ) Xavier Grall (1930-1981) : Cet écrivain et poète breton né à Landivisiau, monté à Paris pour suivre des cours de journalisme, ne redécouvrira son identité bretonne qu’à son retour de la guerre d’Algérie. « L’image de la France que je m’étais formée, très haute et pour ainsi dire mystique, se trouva à jamais ternie », écrit-il,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Grall
Quelques chansons écrites et composées par Glenmor :
O Keltia !
O ! O ! O ! O ! Keltia ! Ar mor a glemm fenoz. Dindan treid an estren, Breizh a glemm ! O ! O! O ! O ! Keltia ! An avel a yud fenoz. Dindan gwask ar Gall, Breizh a yud ! O ! O ! O ! O ! Keltia ! Lez-Breizh a zo distro ! Ar mor hag an avel, Sur a gano ! O ! O ! O ! O ! K eltia ! | Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Celtie ! La mer gémit ce soir, Sous le pied de l’étranger La Bretagne gémit ! Oh ! Oh ! Oh! Oh ! Celtie ! Le vent hurle ce soir Sous la botte du Français. Elle hurle la Bretagne ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Celtie ! Lez-Breizh est de retour. Et la mer et le vent Aujourd’hui chanteront ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Celtie ! |
Le Retour
Et voici bien ma terre
La vallée de mes amours
Quand bien même se lève
En fleur de bruyère
La graine de l’insoumission,
Je retrouve ici ma terre
La vallée de mes amours.
En ma chaumière
Se refont les vents du Nord
Traînant dans leur colère
Le duvet des oiseaux morts
Et la sombre demeure
Qui se rit de la pluie
Se refait d’heure en heure
Beauté sans nuage
Et nuage sans oubli
Et voici bien ma terre,
La vallée de mes amours
Ce fut la rose de mai
Qui fit partir l’enfant
En quête de nouvelles rosées
Tout est gîte au printemps
Ce fut décembre qui ramena l’oiseau
Aux granges du passé
L’hiver, il n’est qu’un nid,
Un visage, un appel
Cette odeur de fumée
Piquée de gel
Et voici bien ma terre
La vallée de mes amours
Voici venir, ailée de nuages
Le sourire d’une mère
Cheveux blancs en bandeau de lumière
C’est bien ici ma terre,
La vallée de mes amours
Kan bale Lu poblek Vreizh
( pennad) Poent eo stagañ Bretoned Gant stourm meur ar vro. Poent eo skubañ an oaled, Kempenn an erv. Un deiz e vo sklaer an amzer War heñchoù don ar brezel kuzh. Un deiz e vo loc’hus ha taer, Distro Arzhur war e marc’h ruz. Poent eo skubañ an oaled, Kempenn en erv. Poent eo stagañ Bretoned Gant stourm meur ar vro. | ( extrait) Il est temps de s’engager, Bretons Dans le grand combat pour le pays. Il est temps de nettoyer le foyer Et de de garder propres les labours. Un jour, le temps sera clair Sur les chemins creux de la guérilla. Un jour, tout ne sera que fougue et fierté, Au retour d’Arthur sur son rouge destrier. Il est temps de nettoyer l’âtre Et de garder propres les labours. Il est temps de s’engager, Bretons, Dans le grand combat pour le pays. |
Pa vin marv (Quand je serai mort)
Un très beau chant composé sur un texte écrit en 1913 par Ronan de Kermene que l’on trouve, chanté par Glemor lui-même, à la fin d’une interview du chanteur par Fañch Broudig (voir ici)