Vous avez dit tabouliner ?

Des origines de la batterie en Bretagne

Instrument obligé des musiciens annonceurs, présent dans presque tous les corps de musique municipaux, utilisé par les militaires, le tambour fait partie du paysage musical breton de l’ancien régime.

En Haute Bretagne, hormis peut-être pour le vannetais gallo et le secteur de Loudéac- Ploeuc-Moncontour, où la tradition se maintient jusqu’en 1930, le tambour accompagne de moins en moins souvent les couples de sonneurs à partir du début du XXème siècle.

En Basse Bretagne la situation diffère d’une région à l’autre. L’usage du tambour tombe rapidement en désuétude en basse Cornouaille et l’instrument périclite aussi en Vannetais. Matilin an Dall ne s’adjoint un tabouliner qu’exceptionnellement comme lorsqu’il va jouer en 1838 à Saint-Brieuc, ce qui montre par contre son importance pour les Briochins de l’époque.

Dans le centre de la Bretagne, les taboulinerien resteront appréciés au moins jusqu’en 1914, notamment en Trégor morlaisien, pour accompagner les clarinettistes.

Le trio deux clarinettes et un tambour  s’impose dans les grandes noces du Pays Fisel jusqu’en 1920  et se maintient en Pays Fañch jusqu’à la seconde guerre mondiale. Selon les frères Donio, sonneurs de biniou et de bombarde de La Motte près de Loudéac, les familles précisaient vouloir ou non un tambour pour la noce.

Le tambourinage possède ses codes, articulés en motifs rythmiques dont certains remonteraient à ceux utilisés par les batteurs ottomans qui ont introduit le tambour en Europe au XVIème siècle. On les nomme dans la tradition « cliquet du moulin », « ratés sautés de cinq », etc… Cet art s’enseigne principalement à l’armée et dans la marine. A ce jour il n’a été répertorié qu’une vingtaine de joueurs en activité dans le premier quart du XXème siècle et des techniques anciennes se sont sans doute perdues.

A partir de 1946 se développent en Bretagne les formations de type Bagad, composition orchestrale qui unit trois pupitres, les bombardes, les cornemuses et … les caisses. Le tambour traditionnel cède alors la place à la caisse claire écossaise qui s’en distingue par l’ajout d’un timbre sous la peau de frappe. Aujourd’hui, le tambour s’est beaucoup amélioré ; la peau est en plastique, le fut est en bois, et deux timbres métalliques sont joints : le tout permet, en frappant relativement doucement, de créer une puissance sonore comparable à celle des cornemuses, quand elle n’est pas supérieure.

 

Source : Musique Bretonne – Histoire des sonneurs de tradition ( Editions le Chasse Marée )