Marig ar Polanton
Marig ar Polanton fut une chanson très populaire des années 60-70, grâce notamment à Alan Stivell. Mais sous ce « tube » se cache une histoire anecdotique locale, issue de la tradition chantée, à laquelle nous relient, mais pour combien de temps, quelques fils…
Pour l’état civil, Marig ar Polanton se nommait Marie Quéffelec. Elle est née le 1er août 1880 à Brigneun, hameau de la commune de Trévagan, situé au pied du Menez Hom. Elle eu 6 enfants, dont René, né de père inconnu. Sa vie durant, elle exerça la profession de couturière itinérante. Marig mourut le 26 avril 1925, à l’âge de 45 ans, emportée par la tuberculose. Elle fut enterrée à Argol mais sa tombe n’a pu être retrouvée.
La vie de Marig semble donc n’avoir rien présenté de bien particulier, si ce n’est d’avoir mis au monde un enfant illégitime. Celui-ci fut donc très certainement à l’origine de la chanson. Marig a 20 ans et quitte son village de nuit, certainement par souci de discrétion et de dissimulation ou tout simplement parce que le voyage de nuit a longtemps fait partie de us et coutumes de la société traditionnelle. Elle prend le chemin de Quimper afin de retrouver l’homme qu’elle aime, mais qui est sous les drapeaux. Lorsqu’elle s’enquiert auprès de l’officier de l’endroit où se trouve les soldats, on lui répond qu’ils font de l’exercice au champ de manœuvre de l’autre coté de la ville, donc au camp Frugy. car Marig arrive par le nord. Il lui faut traverser l’Odet par les ponts, au lieu dit « Ar Ponchou ».
Il ne semble pas que l’intégralité de la chanson soit arrivée jusqu’à nos jour. Mais il est facile de deviner ce que Marig veut annoncer à son amant : la future naissance de René. Malheureusement les retrouvailles se passent mal. Le jeune homme ne veut rien entendre et lui dit « Kenavo plahig yaouank, kenavo, kenavo / kar’barz fin d’am honje, matrehe e vin maro » (au revoir, jeune fille, au revoir / car d’ici la fin de mon service je serai peut être mort).
Ce dernier vers fait allusion à la longueur du service militaire au début du XXème siècle : trois années !! Mais il nous renseigne également sur la politique extérieure de la France de l’époque notamment en matière de colonies ; celle-ci rendait le sort des conscrits plutôt aléatoire..
Et voilà comment ces huit petits couplets de chanson nous font découvrir de nombreux aspects sur la vie locale de l’époque.
Heureusement, de nos jours, nous ne faisons plus de chansons sur les enfants illégitimes, et si Marig avait su qu’en 2005 on parlerai encore de « sa faute » sur le net elle n’aurait certainement pas levé si haut ses jupons !!
JP
Ar vraoa plahig yaouank a zo barz er hanton
Hanver a rèr anezi Marig ar Polanton
La plus belle des jeunes fille qu’il y eu jamais dans le canton
On l’appelle « Marig ar Polanton »
Oadet eo deuz ugent vloaz ha matrehe ouspenn
Bemde ar baotred yaouank a zeu d’e zihoulenn
Elle a vingt ans et peut être même un peu plus
Chaque jour les jeunes gens viennent la demander
Kaoz’zo dei de zimezi mes dimi ne ra ket
Digand’r kondanasion pehini neus choajet
En mariage mais elle ne se marie pas.
A cause de la condamnation qu’elle s’est choisie
Ha da zeg eur deuz an noz yé ar plac’h deuz ar ger
Da zeg eur deuz an mintin arruas e Kemper
Et à dix heures de soir la jeune fille part de chez elle
A dix heures du matin elle arrive à Quimper.
Bonjour aotrou kabiten, kabiten ar zoudarded
Plec’h ma’r soudarded yaouank ‘barz er ger man plaset ?
Bonjour capitaine, capitaine des soldats
Où sont cantonnés les jeunes soldats dans cette ville ?
Du-ze maint plahig yaouank, tre en tu all d’ar ger
O hober an exersis war dachenn vraz Kemper
Là-bas petite jeune fille de l’autre coté de la ville
Ils font de l’exercice sur le champ de manœuvre de Quimper
Kundet e oa gantan tre beteg ar ponchoù
A benn neuze tigoueza ne kement a zaeloù
Il la conduit jusqu’aux ponts
Jusqu’alors combien de larmes a t’elle versées
Kenavo Plahig yaouank Kenavo Kenavo
Kar’ barz fin d’am honje matrehe vin maro
Au revoir petite jeune fille au revoir
Car d’ici la fin de mon service je serai peut être mort