Les concours de sonneurs en Bretagne
Les concours de sonneurs ont été très populaires dès la fin du XIX ième siècle. Ces compétitions étaient organisées à l’occasion de fêtes locales comme les comices agricoles ou encore de divers congrès d’organisations régionalistes laïques (URB, FRB) ou religieuses (Bleun-Brug).
Il est fait mention d’un premier concours à St Brieuc dès 1881, mais c’est surtout le concours de Vannes en 1892 qui fournit des détails sur cette compétition où s’affrontèrent 63 couples de sonneurs (appelés sonneries) venant de 34 paroisses différentes. En 1895, un nouveau concours rassemblera 42 couples de sonneurs, à Brest.
De 1881 à 1939, on recensera environ 47 concours. Chaque concours est conçu comme un spectacle. Il débute par un grandiose défilé de tous les sonneurs où… chacun y va de son répertoire. Joyeuse cacophonie ! Puis, durant une journée entière, il se déroule parallèlement à d’autres manifestations comme des présentations d’harmonies, de danses, de gymnastiques, des courses cyclistes…etc. Pas d’air imposé. Chacun montre sa virtuosité en jouant une dizaine d’airs incluant même, et cela de plus en plus souvent au fil du temps, l’interprétation de chansons ou de ritournelles à la mode à Paris. C’est que l’on veut faire moderne !
Il faut dire, par ailleurs, que le jury composé principalement de notables plutôt que d’experts en musique traditionnelle n’est pas toujours très compétent… ni impartial. Mais le diplôme du concours lui est très apprécié car, outre la valeur des prix eux-mêmes ( jusqu’à 50 francs pour le champion quand le salaire journalier d’un ouvrier atteint à peine 2 francs !), il est la preuve tangible d’un savoir-faire qui apportera d’autres engagements lucratifs à l’occasion de mariages ou autres manifestations publiques.
Pendant une longue période, les concours les plus renommés eurent lieu dans le cadre des congrès bisannuels de L’Union Régionaliste Bretonne (URB) créée en 1898 par l’écrivain Anatole Le Braz. Celui -ci cèdera , en 1899, la présidence de ce mouvement, qui réunissait la fine fleur des écrivains, artistes ou musiciens bretons, au député conservateur de Vannes Régis-Marie-Joseph de l’Estoubeillon de la Garnache qui conservera cette présidence jusqu’en 1940. Cependant, les orientations politiques de ce dernier provoqueront des départs et la floraison de multiples associations comme l’association anticléricale “Les Bleus de Bretagne” en 1899, la Fédération Régionaliste Bretonne (FRB) ou le Parti National Breton (PNB) en 1911. Les compétitions dans le cadre des congrès de l’URB perdant de leur prestige, beaucoup de sonneurs se porteront alors vers des compétitions locales plus proches de leurs terroirs.
A Gourin, un premier rassemblement de sonneurs est organisé en 1955 par l’abbé Le Poulichet, curé de la paroisse dans le cadre du pardon de St Hervé le dernier dimanche de septembre. Arguant des affinités pour la musique de Saint Hervé, cet ermite aveugle et musicien né vers 520, il obtient le soutien du comité des fêtes de Gourin et celui de l’ association Bodadeg ar Sonerion (BAS) dont le secrétaire général de l’époque, Polig Montjarret, louera cette initiative dans la revue de l’association Ar Soner. Près de 200 sonneurs répondront à l’invitation et de nombreux cercles de Cornouaille ou du pays vannetais se joindront à la fête. A nouveau en septembre de l’année suivante, lors du dit pardon, un concours informel et spontané a lieu de sorte que c’est tout naturellement que Bodadeg ar Sonerion instituera dès 1957 un concours annuel, cette fois défini par un règlement précis (en particulier l’obligation de s’y présenter en costume breton, obligation qui sera levée en 1975.
En 1989, les épreuves de la matinée seront transférées au château de Tronjoly, acquisition de la commune, puis en 1992 le concours sera totalement dissocié du pardon et se tiendra totalement sur le site de Tronjoly, le premier week-end de septembre de chaque année.
Ce concours réunit des sonneurs spécialistes d’un terroir musical qui concourent dans cinq catégories : couple kozh (depuis 1956), couple braz (depuis 1958), couple jeunes (depuis 1996), couple famille et duo libre (depuis 2000).
Pour jouer à Gourin, il faut auparavant se qualifier lors de concours qui ont lieu dans l’année. Environ quarante couples kozh et couples braz participent au championnat à chaque édition. À l’issue de la compétition, le gagnant est sacré champion de Bretagne, jusqu’à l’année suivante, où il remet son titre en jeu.
- (1 ) Ruban rouge et plume de paon : champion des champions
Ruban rouge : maître sonneur
Ruban vert : sonneur confirmé
Ruban blanc : sonneur débutant
Sources : Exposition lors du concours Gourin 2019
Musiciens autrefois en Bretagne – Joel Le Nouen
Musique bretonne histoire des sonneurs de tradition – Chasse Marée/Armen https://fr.wikipedia.org/wiki/Championnat_des_sonneurs